Oh ouais, que notre ouiquennede il sera bien! Tout le monde il en parle au travail! Enfin tout le monde… Pas vraiment tout le monde… Mais ceux qu’ont mal aux pointages et dénigrent leur ouvrage, copains copains comme ils peuvent, des aigris complices qui disent olala on est pt’être pas bien payé mais qu’est-ce qu’on rigole. Ouais, ceux là, dès dimanche, ils attendent le ouiquennede. Ils attendent et ils sont tout plein.

Vendredi, dans le ciel y aura éclipse, au moins quinze ans que c’est pas très arrivé. Ça dure deux heures et c’est la lune qu’allume la nuit en éteignant pour pas longtemps la lumière du soleil. Heureusement qu’à la télé un gars de la science qui nous explique nous rassure à nous dire que deux nuits dans le même jour ben des fois c’est normal, suffit de le savoir. La science en dévoilant des mystères nous soustrait des peurs et de la poésie. On a pas rien sans rien, parait que mourir ça nous fait moins peur qu’avant. Les immortels, eux, ils foutent en tout cas toujours autant les jetons.

Le lendemain, c’est la marée du siècle qui va fracasser les digues pendant deux jours.
Alors là, pour le coup, la science elle peut pas faire grand chose à part l’annoncer et vaguement prévoir des dégâts.
La nature, un sacré spectacle! Ni billets, ni cornets!
On contemple ça, sidéré par la vie qui détruit tout en ne s’embarrassant plus de rien.
Une rupture.
Comme ras-le-bol qu’elle aurait de notre mauvais ménage, elle déglingue à l’humeur les ciments et bétonneries qu’on a sereinement bâtis comme des châteaux de sable, en plus confiant.
Nous, d’un coup rapetissé, on rehausse tout aux petits parpaings. Faut bien sauver sa peau et son empire!
On bricole, on se débrouille, on sait plus rien, on panique quoi. Qu’on n’en pense, on possède jamais rien ni personne, même pas soi. On emprunte des chemins qui ne mènent nulle part. Et on épargne jusqu’à ce que La Vie fasse aussi son Krach.