Bazennes! Bien mille ans qu’elles sont là à éplucher et à tenter de repousser une même ligne d’horizon. S’enfonçant, plantées sur les surfaces mouvantes, elles épient les infinis volumes bleus verts du ciel et de la mer.

Bazennes! Encore un nom médaille inventé par les hommes et accordé aux femmes de… pour leur faire respect et assez de fierté.

Bazennes! Parce que c’est leurs marins de maris qu’elles se patientent à attendre au bord des lenteux ressacs de vagues à mousse. Elles aussi, en mer, elles sont parties.

Bazennes! Pas possible de se consacrer à autre chose. Leur mer elle est partout, à la fenêtre, dans le cri des mouettes et de leur gamin qui chiale, dans le filet qui sèche et le poisson qui poisse, qui fume, qui luit et qui frit.

Les bazennes elles attendent et couvent dans leurs ventres l’absence du bonhomme qui leur manque. Enceintes les mères sages espèrent les mers calmes.

Mais l’attente et l’angoisse pénible sont paisibles. Bazennes, merci pour elles, les sirènes, ça n’existe pas!